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A Toulouse, un homme tué après un refus d’obtempérer ; le parquet ouvre une information judiciaire

Le parquet de Toulouse a ouvert une information judiciaire pour déterminer les circonstances dans lesquelles un homme a été tué dans la soirée du jeudi 25 juillet par un tir de gendarme alors qu’il tentait de fuir un contrôle, a-t-il annoncé mardi dans un communiqué.
Cette information judiciaire a été ouverte pour trois motifs : « refus d’obtempérer aggravé », « violences volontaires avec arme sur personnes dépositaires de l’autorité publique » et « violences volontaires avec arme par dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner », a précisé le procureur de la République de Toulouse, Samuel Vuelta Simon. L’information judiciaire ouverte par le parquet permet de rassembler sous l’autorité d’un juge d’instruction – qui sera désigné mercredi – les trois enquêtes lancées après les faits pour chacun des motifs visés et confiées à trois sections différentes de la gendarmerie.
L’avocate de la famille, Jessica Guy, a regretté auprès de l’Agence France-Presse (AFP) que les parties civiles aient été jusqu’à présent « mises à l’écart » de la procédure. Cette décision du procureur est un « pas positif », a jugé Me Guy, qui représente avec Eric Mouton la famille de la victime. « Ce qui était important, c’est que la famille puisse avoir accès aux éléments » du dossier.
La mort de ce jeune homme, prénommé Maïky, né en 1996 à Toulouse et père d’un bébé de 4 mois, a suscité une vive émotion au sein de la communauté des gens du voyage, à laquelle il appartenait, et qui, depuis le drame, réclame des explications. Il a été touché d’une balle dans la tête tirée par un gendarme ayant ouvert le feu sur son véhicule, jeudi soir, vers 22 heures, à Fenouillet, dans la banlieue nord de la ville.
Les forces de l’ordre s’étaient rendues sur place après avoir été averties que s’y trouvait un véhicule recherché car « impliqué dans une tentative de vol avec violences commis[e] le matin même », selon le parquet. Confronté aux gendarmes, le conducteur avait tenté de se « soustraire au contrôle », selon la même source.
Bloqué par leur véhicule, il avait alors franchi un terre-plein central, détruisant du mobilier urbain et manquant de toucher l’un des gendarmes dans sa manœuvre. Puis, le conducteur faisait « une nouvelle embardée à vive allure en direction d’un des gendarmes qui ouvrait le feu », imité dans la foulée par un de ses collègues, selon la description faite par le ministère public.
Dès jeudi soir, jusqu’à 300 personnes, selon une source proche du dossier, avaient exprimé leur émotion aux abords de l’hôpital Purpan, et des affrontements avaient opposé quelques-uns d’entre eux aux forces de l’ordre. Puis certains s’étaient introduits dans la nuit sur un terrain de l’entreprise Lafarge et avaient mis le feu à des camions, selon la même source. D’après le parquet, de nouvelles échauffourées entre proches de la victime et forces de l’ordre ont eu lieu vendredi soir, à proximité du lieu de l’incendie du local industriel.
Une marche blanche s’est tenue mardi après-midi dans le centre de Toulouse à l’appel des proches du jeune homme. Une centaine de membres de la communauté des gens du voyage s’est d’abord réunie dans le calme, près des allées Jean-Jaurès, lieu traditionnel de rassemblement dans la Ville rose.
Mais, sous un soleil de plomb en cet épisode caniculaire, une altercation entre une manifestante et une passante a visiblement enflammé la situation : un groupe de jeunes manifestants s’est rapidement opposé à quelques policiers présents, scandant « Justice pour Maïcky », « Les gendarmes tuent » et lançant des plots de chantier ou des bouteilles en plastique dans leur direction. Des forces de l’ordre en tenue antiémeutes sont venues prêter main-forte aux premiers policiers.
La manifestation s’est ensuite déroulée dans le calme vers le palais de justice et était en train de se disperser aux alentours de 17 heures, a constaté une journaliste de l’AFP. « On est là pour faire entendre la parole de la famille de Maïcky. Ce policier [en réalité un gendarme], il a tué quelqu’un. Aujourd’hui, on veut qu’il soit condamné fortement, qu’il aille en prison », a expliqué Henock Cortes, musicien et figure de la communauté, venu en soutien.
« Il me l’a tué, il lui a mis des balles dans la tête. Qui va me remplacer mon fils ? », s’est exclamée la mère de la victime devant les médias, ajoutant : « Je veux la justice, je ne veux rien d’autre. »
Le Monde avec AFP
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